Rodrigue Milien, le grand troubadour qui a marqué toute sa génération à travers ses compositions a rendu son dernier soupir le samedi 25 septembre 2021 aux États-Unis d’Amérique. La nouvelle a été confirmée par le journaliste Patrick Eliancy.
Après plusieurs années en convalescence d’une éternelle maladie, le célèbre musicien et compositeur du groupe Combite Créole s’est éteint ce samedi 25 septembre 2021 suite à un arrêt cardiaque à l’âge de 75 ans.
L’iconique Rodrigue qui a conquis le cœur des mélomanes dans les années 70 et 80 a laissé,en effet, un énorme vide, vu les réactions sur les réseaux sociaux. Victimes à deux reprises d’un AVC, l’artiste a passé plusieurs années cloué dans un fauteuil roulant.
Cette année, en l’espace de quelques mois, trois célébrités iconiques de la musique haïtienne ont fait leurs adieux à ce monde. Rodrigue Milien a fait le grand voyage pour rejoindre dans l’au-delà Yvenel Étienne dit Soré, chanteur vedette de la formation musicale Tropicana, et Isnard Douby, maestro et fondateur du groupe System Band.
Rodrigue Milien a vu le jour le 27 octobre 1946 à la cathédrale de Port-au-Prince, au beau milieu de la célébration des noces de ses parents.
Ce dernier a été frappé par des maladies depuis qu’il vit à Miami aux États-Unis. Suite à une crise de tension artérielle, il a dû stopper toutes ses activités.
L’homme aux multiples facettes
Rodrigue Milien a plusieurs cordes à son arc. En plus d’être musicien, compositeur et maestro, ce dernier a également été acteur et scénariste. Il a été vu pour la toute première fois sur scène au début des années 70 avec la troupe théâtrale Alcibiade à partir d’une émission diffusée à l’époque, tous les dimanche à l’antenne de radio Caraïbes Fm.
L’artiste haïtien a ensuite fait ses débuts dans le monde musical en 1973 après le départ de son père pour les États-Unis.
Étant très passionné de musique, à seulement quelques jours des examens de première (rhéto), Rodrigue décida d’abandonner l’école pour se concentrer plutôt sur sa carrière musicale. Assisté par Jules Similien dit Toto Nécessité, les deux s’exerçaient munis d’une guitare bricolée dans l’atelier de Toto à la rue Montalais.
En effet, Rodrigue a fondé le groupe Combite en 1974 en collaboration avec trois autres chanteurs . Dès lors, ce groupe compte dans son répertoire une vingtaine d’albums à succès sortis sous forme de disques 33 tours, excepté le dernier. Parmi les plus populaires, compte « mwen pap janm bliye ou chéri » un morceau incontournable qui a marqué la musique haïtienne.
Et également d’autres morceaux qui resteront également gravés à jamais dans la musique haïtienne, comme : « Kout ba Residans », « Byen Jwenn, Byen Kontre», « Nécessité », « Dassoman », « Fanm Blofè », « Noces gaté », « Mizè Ti Nèg », « Régété », », Lougawou» pour ne citer que ceux-là.
Le pionnier de la comédie musicale en Haïti
En 1978, Rodrigue a fait ses premières expériences dans le septième art. Sous la production de Claude Mancuso, le surdoué a joué le rôle principal dans le long métrage « Ala mizè pou Rodrigue », un film qui traduit la réalité de l’époque. Ensuite, avec son talent d’humoriste, il en a profité et crée une bande originale. Il remania l’histoire du film pour former la toute première pièce de comédie musicale haïtienne.
Je ne demande qu’une petite maison !
Le chanteur n’a pas vraiment eu une grande réussite du côté finance dans sa carrière musicale. Après sa maladie, il lui était difficile de se soigner. Mais avec l’aide de ses amis et de sa sœur, il s’en sortait timidement. Malgré cela, il n’en pouvait plus et décida de lancer un SOS sur les réseaux sociaux en 2019.
À travers une vidéo, il demanda à qui voulait l’aider d’obtenir une maison pour finir ses derniers jours. Pour ce faire, il donna une procuration à Serge Napoléon publiquement : « Moi Rodrigue, je donne le feu vert à Serge Napoléon qui a le droit de parler en mon nom, bonne chance », a-t-il dit.
Honoré dans sa patrie
De son vivant, l’homme au « talent à l’état pur » a été maintes fois honoré par des personnalités publiques et ses fanatiques pour avoir apporter sa grande contribution à la culture haïtienne.
Lors d’une tournée à Paris avec Toto Nécessité en 1983, le légendaire a été accueilli à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle par un accueil des plus chaleureux et entouré de nombreux journalistes.
Le célèbre artiste haïtien Wyclef Jean a également contribué à son hommage pour avoir repris sa musique « 24 èd tan ».
En mai 2013, le président de la République d’Haïti de l’époque Joseph Michel Martelly a rendu un somptueux hommage à Rodrigue au palais national. Il y avait également la présence d’autres artistes et musiciens qui assuraient l’animation de la cérémonie, comme Fabrice Rouzier, Kéké Belizaire, Érick Charles, Bélo, Mikaben, etc..
Rodrigue est mort mais sa musique vivra éternellement, car il a marqué sa génération notamment avec son boléro mélangé avec le troubadour et le compas qui prêche l’amour, la joie, les peines de toute une nation.
Jodania N. MARCELIN
