Reconquérir le marché intérieur d’Haïti, une opportunité d’investissement dans le secteur agricole haïtien

Pour certains experts, la substitution à l’importation représente un énorme potentiel d’investissement dans le secteur agricole haïtien. Le centre de facilitation des investissements en Haiti (CFI), souligne que « seulement 45% de l’approvisionnement en agroalimentaire local est produit dans le pays, alors que le secteur agricole haïtien a un potentiel de production très élevé ».

Avec une population de plus de 11 millions de consommateurs à satisfaire, « la demande interne du pays offre aux investisseurs, d’excellentes opportunités de développement sur le marché intérieur», ajoute le CFI.

Dans son plan national d’investissement agricole (PNIA 2016-2021), le ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles, et du Développement Rural (MARNDR) souligne lui aussi le potentiel agricole inexploité du pays. « De par ses diversités agro-écologiques, on répertorie au niveau national 14 types de milieux productifs. Ce qui permet d’avoir des récoltes pratiquement toute l’année. De surcroît, le secteur présente un potentiel de développement énorme pour des productions végétales, animales, piscicoles ainsi que pour l’agrotourisme », ajoute le ministère.

Un marché national soumis à l’importation

Le riz, le maïs, les légumineuses (haricots et pois), les racines et les tubercules, et les bananes plantains sont les principales denrées alimentaires de base produites et consommées dans le pays. Toutefois, depuis plusieurs années,  Haïti sévit dans la précarité alimentaire  et dépend principalement de l’importation pour nourrir la majorité de sa population.

Dans une étude élaborée pour l’USAID, le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET) indique l’origine de cette insécurité alimentaire en Haïti

« Alors qu’Haïti assurait son autosuffisance pour les principaux produits de base au début des années 1980, l’ouverture de l’économie et du marché en 1985 s’est traduite par une dépendance grandissante vis-à-vis des importations alimentaires. Aujourd’hui, Haïti importe la majeure partie du riz consommé dans le pays, ainsi que des volumes considérables d’autres denrées de base. Les produits à base de blé et l’huile alimentaire, sont entièrement importés ou produits localement à base d’ingrédients importés », affirme le rapport de FEWS NET .

Une étude réalisé en 2017 par lL’organisation des Nations-unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) indique qu’en moyenne,  « Haïti importe des biens pour une valeur totale d’environ 2,5 milliards d’USD par an, dont un tiers pour des denrées alimentaires »

Le rapport souligne entre autres, que les principales denrées de base importées sont le riz et le blé. Le riz représentant la plus grande part des importations avec une tendance à la hausse.

« Le riz importé représente plus de 80 pour cent de la consommation alimentaire intérieure. En 2016, les importations de riz ont atteint 196 millions d’USD soit 24% de la valeur totale des importations de produits alimentaires. Toutefois, en ce qui concerne les volumes importés, les importations de riz ont enregistré une croissance moyenne de 4 pour cent par an et ont atteint 435 000 tonnes en 2016 », indique le rapport.


D’après FEWS NET, de 2011 à 2016, Haïti importe en moyenne par an, en céréales , 431 425 tonnes de riz, 57 147 tonnes de maïs, 315 064 tonnes de blé, 23 575 tonnes d’haricots et de pois, 5 070 tonnes de tubercules, 20 730 de bananes, et 124 850 tonnes d’huile alimentaire.

Le MARNDR dans sa politique de développement agricole 2010-2025, indique que « la production nationale ne satisfait pas la demande du marché local en œufs, en produits laitiers et en viande de volaille industrielle qui est compensée par d’importantes importations commerciales, à la hauteur de 20.000.000 USD/an pour 360.000.000 d’œufs, 50.000.000 USD/an pour 90000 TM équivalent lait de produits laitiers et l’équivalent de 12.5millions de poulets dont 90% en pièces découpées ». 

Potentialité du pays pour les produits laitiers et les œufs

Ce document du MARNDR met également en évidence la potentialité de l’élevage bovin et de l’aviculture dans le pays.

« L’élevage bovin avec environ 500.000 vaches adultes a un potentiel de plus de 100.000 TM par an, capable de satisfaire la demande solvable actuelle en produits laitiers. Mais, faute d’infrastructures pour la transformation et la commercialisation, ce sous-secteur ne peut profiter d’un marché actuellement comblé à 80% par des importations commerciales (90.000 TM) », nous dit le ministère.


« Concernant l’aviculture, il existe un potentiel d’implantation de 5 000 unités familiales de pondeuses à raison de 200 têtes par unité. Ce qui peut assurer une production nationale de 24 millions d’œufs par mois », a-t-il ajouté.


D’où, pour certains experts, de part la potentialité agricole dont dispose Haïti, substituer en partie ou en totalité, toutes ces importations par la production locale, constitue une énorme opportunité d’investissement pour le secteur agricole du pays.

Graham G. HENRY

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