« Passer du modèle économique basé sur l’aide à celui basé sur le business, une nécessité pour Haïti », selon le docteur Daniel Jean-Louis

« Aucun pays au monde ne peut prétendre construire une stratégie de développement à long terme basée sur de l’aide, des dons, et des cadeaux. Ceux qui ont essayé ont tous échoué et n’ont récolté que la corruption, le chômage, et le sous-développement. Seuls des investissements stratégiques et la création d’entreprises dans des secteurs porteurs de l’économie peuvent permettre à un pays de maximiser sa productivité et se développer ». Le président et CEO (chief executif officer) de la firme d’investissement haïtienne Bridge Capital S.A, le Dr Daniel Jean-Louis en est convaincu et a défendu ce point de vue dans un entretien accordé à l’agence le mercredi 16 juin 2021.

Pour le Dr Jean-Louis, « plus un pays prend du temps pour embrasser le processus de création de richesses, plus sévère devient la pauvreté dans laquelle il évolue », d’où l’urgence pour Haïti de se mettre sur la voie du développement, préconise-t-il.

Le chef d’entreprise croit que le seul moyen de sortir Haïti de la pauvreté est de rendre les Haïtiens capables de subvenir eux-mêmes à leurs propres besoins par la création d’emplois. Il prend pour preuve « l’échec des ONG (organisations non gouvernementales) humanitaires  à extraire Haïti de la pauvreté malgré leurs bonnes intentions et leurs décennies d’expériences ».  Il est nécessaire de passer du modèle basé sur l’aide à celui basé sur le business, prône le docteur Daniel.

Comment passer du modèle basé sur l’aide à celui basé sur le business?

« Passer de l’aide au business c’est venir avec des moyens pour que le pays puisse avoir plus d’entreprises qui satisfait les besoins de la population à travers des transactions au lieu de dépendre des divers dons des ONG », explique le Dr Daniel Jean-Louis.

Il a souligné qu’il faut plus d’entreprises et moins d’ONG dans le pays, car, la satisfaction des besoins de la population devrait se faire à travers les entreprises et non pas à travers les ONG. Pour lui, cela rendra l’économie plus productive, plus dynamique, et capable de répondre à ses propres besoins et aux besoins de la population.

Inconvénients du modèle basé sur l’aide

D’après Dr Jean-Louis, le modèle basé sur l’aide, devenu prédominant en Haïti ces dernières années, est néfaste pour le pays. Il a identifié quelques aspects négatifs de ce modèle.

Primo, l’improductivité

Le modèle basé sur l’aide est improductif, car, elle ne crée pas de nouvelles valeurs dans l’économie, a fait remarquer le Dr Daniel. «  Si tu as faim, on te donne à manger ; et cela s’arrête là, donc on doit toujours continuer à te donner à manger », illustre-t-il.

Secundo, la croissance à long terme est négligée

Ce modèle ne favorise pas une croissance durable sur le long terme. D’après le CEO, il n’y a aucun moyen que l’économie puisse grandir avec ce modèle parce qu’il ne crée pas des valeurs à long terme. Il a été crée pour satisfaire des besoins à court terme. « Beaucoup de pays comme Haïti ont échoué. Ils ont utilisé ce modèle d’aide à court terme, dans des stratégies de long terme », soutient-il.

Tercio, ce modèle est inversement proportionnel à la productivité dans l’économie

D’après Dr Jean-Louis, quand ce modèle devient prédominant dans l’économie, il a des effets néfastes sur l’emploi, la productivité, et la pérennité de l’économie à long terme. « Plus l’aide prend de l’ampleur, moins l’économie est florissante. L’économie ne grandit pas, on attire des dons au lieu d’investissement, les citoyens deviennent alors dépendants de ces dons, le cas d’Haiti », argumente t-il. Cela se manifeste assez souvent par un manque d’opportunités pour les citoyens.

Avantage du modèle basé sur le business

Le docteur Daniel Jean-Louis préconise l’utilisation du modèle économique basé sur le business en Haïti. Ce, afin de rétablir l’équilibre dans l’économie et de créer de la richesse.

Le modèle basé sur le business offre une kyrielle d’avantages d’après M.Daniel, entre autres, une économie plus productive avec plus d’emplois, plus d’investissement, plus d’entreprises, plus de développement,  et à partir de là, « on aura une économie plus vibrante, donc une plus grande économie, pouvant répondre d’elle-même aux besoins de la population ».

Avantage pour l’État

Ce modèle permettra à l’État de récupérer plus de taxes afin de mieux couvrir les dépenses publiques.  Soulignant que l’État ne collecte aucune taxe sur les ONG et que Haïti est l’un des pays avec le plus fort pourcentage d’ONG par habitant,  Dr Daniel Jean-Louis explique qu’avec le modèle basé sur le business, il y aurait beaucoup plus d’entreprises que d’ONG dans l’économie, les investissements dans l’économie se feront alors beaucoup plus à travers ces entreprises que des ONG. Donc l’État récupéra beaucoup plus de taxes pour investir dans l’éducation, la santé, etc. », conclut le président, CEO de Bridge Capital S.A.

Graham G. HENRY

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