“Menace de mort et irrégularités” dans l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moise

Menacés de mort et sans support sécuritaire sollicité en vain des autorités haïtiennes, ils se sont mis à couvert pour rester en vie. C’est la situation actuelle que disent vivre le juge de paix et les deux greffiers ayant  dressé le constat légal de l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse  et celui du décès des présumés mercenaires tués dans des échanges de tir avec la police haïtienne.

Le juge d’instruction Carl Henry Destin et les deux greffiers, Marcelin Valentin et Waky Philostène, qui avaient examiné le corps du feu président Jovenel Moïse, assassiné à son domicile le 7 juillet dernier, et celui des « mercenaires » tués lors des affrontements avec la police, ont déclaré au quotidien américain The New York Times qu’ils ont reçu des menaces de mort de la part d’individus inconnus, dans un article paru le 2 août 2021.

Maintenant, ces fonctionnaires judiciaires, déclarent se cacher et changer de position toutes les quelques heures. Ils ont aussi attiré l’attention sur les irrégularités dont ils ont été témoins en participant à l’enquête. 

Le greffier Valentin a raconté au New York Times que, « peu de temps après avoir assisté aux premiers interrogatoires des suspects détenus et écrit leurs déclarations, il a reçu un appel téléphonique du chef de la sécurité de M. Moïse, Jean Laguel Civil, lui demandant ce qu’ils avaient dit. Et, plus tard dans la journée, il a reçu à son bureau la visite d’un homme qu’il ne connaissait pas, qui lui a exigé d’ajouter les noms de l’homme d’affaires Réginald Boulos et de l’homme politique Youri Latortue aux déclarations des suspects, les impliquant en fait dans le complot ».

M. Valentin déclare avoir reçu des menaces de mort après avoir refusé de falsifier les preuves. En conséquence, il a déposé une plainte officielle au parquet de la République. Le New York Times  affirme avoir lu, dans un SMS reçu par M. Valentin le 16 juillet 2021 annexé à ladite plainte, les messages suivants : « Greffier, tu peux t’attendre à recevoir une balle dans la tête », « On vous a ordonné de faire quelque chose, et vous faites tout le contraire ». 

Le juge Carl Henry Destin et le greffier Waky Philostène affirment avoir reçu, eux aussi, des menaces similaires du même numéro à peu près au même moment. Et que leurs demandes d’aide aux autorités ont été ignorées, situation qui met leur vie en danger. Ils affirment également que le chef de la police …et le ministre de la Justice Rockfeller Vincent leur avaient promis une escorte armée, mais qu’elle n’est jamais venue.

Irrégularité dans l’enquête

Les deux greffiers ont déclaré au New York Times, avoir été témoins de nombreuses violations procédurales, alors qu’ils accompagnaient les juges d’instruction à la résidence du président et au domicile des suspects. « La police a déplacé les corps des personnes soupçonnées d’être des assaillants, a emporté une partie des preuves et leur a refusé l’accès à la scène du crime pendant des heures », ont-ils déclaré, dénonçant une violation du code juridique haïtien.

Un avocat représentant deux des suspects, Samuel Madistin, a jugé « hautement irrégulier et illégal », le fait que, plus de trois semaines après l’assassinat du feu président Jovenel Moise, il n’a été inculpé ou traduit en justice aucun des 44 détenus, dont les 18 mercenaires colombiens accusés d’avoir participé à l’assaut de la résidence présidentielle, et plus d’une dizaine d’agents de sécurité chargés de protéger Jovenel Moïse. Tandis que la loi haïtienne exige que les suspects soient inculpés dans les 48 heures ou libérés.

Graham G. HENRY

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