
Dans cet autobus assurant le trajet Pétion-Ville/Centre-ville, l’atmosphère est pesante. Certains passagers se tiennent en silence, reposant la tête contre le vitre de la fenêtre pendant que d’autres racontent les galères de leur fin de semaine.
Le voyage allait de bon train jusqu’à ce qu’un passager refuse de payer les 25 gourdes récemment fixés pour le trajet qui était autrefois 20 gourdes. En réaction à ce refus obstiné, le chauffeur de l’autobus s’est défendu et a justifié l’augmentation du tarif de la course par l’application de la distanciation physique pour protéger les passagers.
« Il est impératif d’augmenter le prix du trajet, car actuellement chaque rangée de sièges reçoit trois (3) passagers afin d’éviter la propagation du coronavirus », argue-t-il.
Au bout de quelques minutes, l’ambiance de l’autobus s’est transformée. Un torrent de protestations agite le bus. La majorité des passagers n’entendent pas payer le montant exigé. « Si vous n’acceptez pas mes 20 gourdes, vous n’avez qu’à me laisser l’argent », grogne Lucien, un passager courroucé.
Toutefois, dans un autre autobus, les passagers se montrent plus coopérants. Pour réduire le risque d’attraper le virus, certains préfèrent payer 2 sièges. Depuis la recrudescence du Covid-19 en avril 2021, cet agissement devient monnaie courante.
Joseph* affirme procéder de cette manière pour se mettre à l’abri du virus. « Je crois qu’ainsi la distance sociale demandée sera parfaitement respectée. Pendant la période du Coronavirus, certains chauffeurs continuent à entasser les passagers comme des sardines », avance-t-il.
Pour protéger sa famille, Josué, père de deux enfants, chauffeur de minibus à Pétion-Ville depuis bientôt 5 ans, livre comme tant d’autres un combat contre la pandémie. « Cette situation pourrait facilement toucher ma famille, je refuse de porter le nombre habituel de passagers dans mon véhicule », se conforte le conducteur.
L’exemple des chauffeurs de Pétion-Ville, très peu suivi sur les autres circuits
Les chauffeurs haussent le prix des trajets à leur guise mais ils sont peu nombreux à mettre des restrictions pour freiner la propagation du virus. Le coordonnateur général de la Fédération des transports publics haïtiens(FTPH), Val Pierre Richard, se sent consterné par la facilité qu’a le coronavirus de se répandre dans les transports en commun.
Constatant également que les chauffeurs sont les plus exposés, le syndicaliste les exhorte tous à suivre l’exemple des chauffeurs de Pétion-Ville. En même temps que son organisation discute avec les autorités publiques haïtiennes de la meilleure façon d’appliquer les dispositions anti-Covid 19 dans le transport public.
Pharah-Djine COLIN