L’UNESCO encourage l’enseignement en langue maternelle

L’éducation fondée sur la langue maternelle doit commencer dès la petite enfance, estime l’UNESCO. En Haïti, des linguistes et des membres de l’Akademi Kreyòl Ayisyen (AKA) mènent la lutte sur la politique linguistique pour l’application totale du créole haïtien comme langue d’enseignement. La langue maternelle est considerérée comme patrimoine culturel et intellectuel.

L’UNESCO encourage l’enseignement en langue maternelle au primaire depuis 1953. Selon l’Organisation des Nations-unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), la protection et l’éducation de la petite enfance est le fondement de l’apprentissage. D’autres scientifiques ont également déduit que l’apprentissage d’une langue chez un enfant se fait entre sa naissance et l’âge de 3 ans.

Des linguistes ont aussi tiré cette conclusion comme le professeur Renauld Gauvin dans son article “L’état de l’enseignement du créole à l’école en Haïti“. Selon lui, pour comprendre cela on devrait l’intégrer dans une expérience plus large qu’est “la politique linguistique haïtienne qui émane entre la pratique du bilinguisme en Haïti ».

En 2008, l’UNESCO a publié un recueil qui montre des exemples des outils et ressources pour favoriser les programmes d’enseignement en langue maternelle. D’où quelques scientifiques dans leurs travaux ont montré les différents avantages qui résultent de l’enseignement dans la langue maternelle dès le plus jeune âge. 

Par ailleurs, d’après une estimation à l’échelle mondiale, 50 et 75 millions d’enfants « marginalisés » ne sont pas scolarisés. En ce sens, des études ont démontré que pour obtenir de meilleurs résultats au primaire, la langue d’enseignement des apprenants doit être la langue maternelle. Car le risque de déscolarisation ou d’échec dans les petites classes est plus élevé.

La situation du créole dans les écoles en Haïti

Le créole a été officiellement introduit à l’école haïtienne en 1979 à la réforme de l’éducation de Joseph C Bernard, où il a fait publier une loi sur le créole à la Chambre législative le 18 septembre 1979. Cette réforme visait un bilinguisme équilibré créole/français. Le statut du créole a évolué et s’est institutionnalisé avec la Constitution de 1987, qui l’établit comme langue co-officielle aux côtés du français. La loi-mère consigne en son article 5 que : «Tous les Haïtiens sont unis par une langue commune : le créole ».

Par la suite, le créole est enseigné dans les classes comme n’importe quelle autre langue étrangère comme l’anglais, l’espagnol. Le créole n’a pas encore fait l’objet d’avancement au plan pédagogique et didactique, selon des études. À nos jours, aucune institution haïtienne n’a encore soumis de document “d’envergure nationale sur l’utilisation de la langue créole dans l’enseignement en Haïti”.

Michel DeGraff de l’Initiative MIT-AYITI, professeur de linguistique et membre fondateur de l’Akademi Kreyòl Ayisyen a déclaré dans une émission sur une station de radio de Port-au-Prince en 2019 qu’ « il est quasiment impossible d’éduquer un peuple dans une langue qu’il ne parle pas ».

Dans son article “L’état des lieux du créole dans les établissements scolaires en Haïti” (Contextes et didactiques) en 2014, le doyen et professeur de la faculté de linguistique appliquée Renauld Govain estime que « l’utilisation du créole dans l’enseignement ne vise pas tant son développement comme langue d’enseignement mais l’accroissement de l’efficacité du système scolaire haïtien qui dès sa naissance n’utilisait que le français comme langue d’enseignement. » De ce fait, il constate par la suite que : « Le créole y est introduit pour faciliter la communication et la compréhension à l’intérieur des salles de classe, en facilitant l’intégration et la cohésion sociales entre les apprenants».

Entre outre, Mr Govain trouve qu’il manque au créole  un certain niveau de didactisation pour jouir pleinement de son statut de langue enseignée mais aussi de langue d’enseignement. Selon le professeur, un travail de conception didactique du créole comme langue maternelle doit être faite pour devenir langue d’enseignement.

Jodania N. MARCELIN

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