
Durant la dernière décennie la dette de la République d’Haïti est passée de 1,2 milliards de gourdes en 2010 à 49,2 milliards de gourdes en 2021, soit une augmentation d’environ 4000%, plongeant le pays dans un « debt trap ».
Évolution de la dette de 2010 à 2021
Dans la période de 2010-2011, la dette haïtienne se chiffrait à 1,2 milliards de gourdes avec un taux d’intérêt relativement faible, 1,1%. Cela était dû à l’élimination de certaines dettes antérieures dans le contexte du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
De 2011 à 2013 elle suit une évolution constante : 1,3 milliards de gourdes entre 2011 et 2012, une inflation de 8,3 % par rapport à la précédente et 1,4 milliards de gourdes en 2013.
L’exercice de 2013-2014 marque le début de la chute. Plus de 175% d’augmentation de la dette, elle s’était estimée à 3,9 milliards de gourdes.
Cette période précède plusieurs hausses successives : 30,7 % en 2015 (5 milliards de gourdes, 74,5 % en 2016 (8,9 milliards de gourdes, 30,3%), en 2017(11,6 milliards de gourdes), 14,2 milliards de gourdes en 2018, 52,19 % en 2019 (21,6 milliards de gourdes).
La seule baisse de 7% est enregistrée dans la période 2019-2020, réduisant la dette à 20 milliards de gourdes. Mais c’est le calme avant la tempête puisqu’entre 2020 et 2021 la dette va exploser avec144% d’augmentation, elle s’établit désormais à 49,2 milliards de gourdes.
Les causes de l’explosion
Pour comprendre cette hausse exagérée, il est fondamental de considérer les facteurs internes à savoir les troubles sociaux politiques et d’un point du vue générale, le confinement de 2020 dû à la pandémie du Covid-19. Par conséquent, les recettes de l’État sont insuffisantes pour couvrir ses dépenses publiques qui ne cessent de s’accroître. Notons que, le budget 2020-2021 s’élève à 254,7 milliards de gourdes, 28,2 % plus cher que l’année précédente.
Un manque à gagner pour le budget national
Le service de la dette constitue un poste à part entière dans le budget de même que des secteurs comme la santé et l’agriculture entre autres. Donc, elle a des incidences sur le budget alloué à ces autres secteurs fondamentaux. En 2021, l’intérêt annuel payé sur la dette s’estime à 6,1 milliards un montant bien supérieuràceluiréservé à la santé publique.
En conclusion, le pays est pris dans un «debt trap», le piège de la dette. Se traduisant par une spirale où elle est dans un besoin de financement en permanence afin de satisfaire ses dépenses.
Marc Igor ALEXANDRE