« Les tueurs du président Jovenel Moïse sont appréhendés et les commanditaires recherchés », précise le chef de la police Léon Charles

La nouvelle de l’assassinat du président Jovenel Moïse à son domicile dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 a fait le tour du monde et soulevé une vague de condamnation nationale et internationale.  Encore sous le choc, la population haïtienne réclame des explications et les autorités haïtiennes s’y mettent en multipliant les conférences de presse. Ce, « pour éviter la propagation de rumeurs pernicieuses à la paix sociale », justifie le Premier ministre Claude Joseph.

À mesure que s’égrènent les  heures, le voile se lève peu à peu sur l’accomplissement de cet assassinat jugé « macabre et crapuleux ». Cependant, la perplexité s’élargit dans la population quant à la facilité avec laquelle le meurtre a été perpétré. Différentes catégories de la société appellent les autorités haïtiennes à éclairer les zones d’ombre entourant l’assassinat du feu président Jovenel Moïse tué de 12 projectiles et pendant lequel la première dame est sortie grièvement blessée de trois projectiles. Sa situation étant « stable mais assez critique », elle devrait subir d’autres interventions chirurgicales demain, rapportent les médias. 

Dans les points de presse réguliers en compagnie du Premier ministre et d’autres membres du gouvernement, le chef de la police nationale d’Haïti(PNH), Léon Charles a annoncé que les assassins du feu président étaient des mercenaires étrangers : 26 Colombiens et 2 Américains d’origine haïtienne. 17 d’entre eux ont été appréhendés et présentés à la population. 4 autres ont été blessés mortellement dans une fusillade avec les forces de l’ordre et les autres sont encore en cavale.

11 des suspects ont été  interceptés dans l’enceinte de l’ambassade de Taïwan sise non loin des lieux du crime. Ils y étaient entrés par effraction, selon un communiqué de l’ambassade, qui dit avoir tout de suite informé les autorités haïtiennes pour les suites nécessaires. Les autres suspects ont été interceptés avec l’aide de membres de la population haïtienne qui continue de mener la traque avec les forces de l’ordre.

«Nous avons déjà en main les auteurs physiques et nous sommes à la recherche des auteurs intellectuels», a déclaré  le directeur général de la PNH Léon Charles, d’un air déterminé. « Nous allons les traduire en justice », a-t-il assuré tout en précisant que  «les armes et les matériels utilisés par les assaillants ont été récupérés».

Assurant que la situation est sous contrôle, le Premier ministre Claude Moïse a promis justice à la famille du feu président et à ses alliés. Il a également appelé la population haïtienne à garder son calme et interpellé son intelligence pour éviter, dit-il, les dérapages susceptibles d’être fomentés par les forces de l’ombre pour servir leurs propres intérêts. « Justice sera rendue au président », a-t-il martelé.

Selon le ministre de la défense de la Colombie,  Diego Molano, les suspects appréhendés sont pour la plupart des anciens militaires colombiens à la retraite. Il a promis la collaboration des autorités colombiennes à l’enquête de la justice haïtienne. « Nous avons donné des instructions (…) à la police et à l’armée pour qu’elles coopèrent immédiatement au développement de cette enquête pour clarifier ces faits », a-t-il assuré.

Les premiers témoignages des suspects en disent long

Le commando de mercenaires colombiens  séjourne au pays depuis un mois. Ses membres y sont rentrés à partir de la République dominicaine, selon les témoignages des deux suspects d’origine haïtienne communiqués par le juge de paix Clément Noël, rapportés par le quotidien Le nouvelliste. L’un a déclaré être au pays depuis un mois et l’autre depuis six mois. Ils ont été recrutés comme « traducteurs », prétendent-ils.

L’un d’entre eux a prétendu aussi avoir été « un garde de sécurité à l’ambassade du Canada en Haïti ». Sans le nommer, le ministère des Affaires étrangères du Canada a reconnu dans une déclaration que l’un des suspects arrêtés avait été « brièvement employé comme garde du corps de réserve » à son ambassade par un entrepreneur privé, rapporte la Voix de l’Amérique

Selon ces deux suspects cités par le juge de paix Noël, « la mission était de capturer le président Moïse dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’un  juge d’instruction mais non de le tuer ».

Comme une lettre à la poste

Les assaillants se sont fait passer pour des agents de DEA(Drug enforcement administration). Dans une vidéo circulant en boucle sur les réseaux sociaux, où l’on voit les assaillants encagoulés et en tenue de camouflage prendre position devant la résidence privée du feu président située en hauteur de Pétion-ville, une voix masculine sommait les gardes préposés à la sécurité de la propriété de baisser leurs armes sous peine d’être fusillés.

« Déposez vos armes. C’est la DEA. Nous allons compter jusqu’à 6. Déposez vos armes sinon on vous tire dessus », disait cette voix amplifiée par un mégaphone. Après quoi, les assaillants ont pu pénétrer sans heurt l’enceinte de la propriété, ligoter sans les maltraiter les personnes qu’ils y ont trouvées, accéder à la chambre du feu président pour commettre leur forfait. Ils ont criblé de balles l’intérieur de la maison, saccagé le bureau et la chambre du président, emporté documents et argent ainsi que le serveur du système de surveillance avant d’en ressortir tranquillement, laissant derrière eux le corps sans vie et violenté du président ainsi que celui de sa femme grièvement blessée.

Retrouvé gisant dans son sang et le corps abîmé

Le feu président Jovenel Moïse était un homme d’affaires haïtien et père de famille de trois enfants. Il est né à Trou-du-Nord dans le nord-est du pays le 26 juin 1968. Élu président aux élections de 2016, sous la bannière du PHTK, il a commencé son mandat de 5 ans le 7évrier 2017. Il a  été assassiné au pouvoir à l’âge de 53 ans. Devenant ainsi le cinquième président de l’histoire nationale assassiné au pouvoir.

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