
Lessive, commerce, agriculture, services domestiques, les femmes haïtiennes, surtout celles qui sont des chefs de famille en milieu urbain, se battent avec acharnement dans tous les domaines et en tout temps pour gagner de quoi entretenir leur famille.
Panier à la main ou sur la tête, contenant toutes sortes de fruits ou légumes, déterminées et responsables, certaines dévalent des dizaines de kilomètres de routes chaque jour pour vendre leurs produits. D’autres se brûlent les poils nuit et jour à préparer les mets pour tenir de petits restaurants près des chantiers de construction où des ouvriers achètent à crédit pour payer en fin de semaine.
Les Haïtiennes sont, pour la plupart bien insérées dans le secteur informel, pourtant pas assez rémunérateur pour beaucoup. « Dès six heures du matin, je dois être déjà en direction de chez ma patronne, car mon rôle est de prendre soin de ses enfants et de les emmener à l’école », explique Léa, une employée de maison.
Martine, elle, la cinquantaine passée, assise devant une école de la capitale, derrière une barque pleine de sucreries, tient ce petit commerce depuis neuf ans. D’un air serein, la tête ceinte d’un mouchoir jaune, elle ne trouve pas assez de bras pour répondre à tous ses clients scolaires le matin à la rentrée. « J’ai élevé deux enfants sans leur père grâce à mon commerce, et je ne compte pas abandonner », s’enorgueillit cette vendeuse.
La tontine, l’une des stratégies appliquées
Une autre pratique courante qui soutient la femme haïtienne, c’est la tontine communément appelée « sòl » dans le langage vernaculaire. Cette activité consiste à accumuler de l’argent grâce aux cotisations des participantes. Argent que chacune des cotisantes utilisera à tour de rôle comme capital pour démarrer ou renforcer une activité économique.
Tout repose sur la confiance entre les parties prenantes de la tontine. « Nous nous organisons très bien dans la communauté, et le « sòl » nous aide à renforcer nos affaires », argue une pratiquante. Domaine non règlementé, la tontine draine une grande masse monétaire et constitue « un réel soutien économique » pour la plupart des Haïtiens.
Le mouvement associatif, un autre moyen de survie
Les femmes haïtiennes recourent également à la vie associative pour changer leurs conditions sociales. Elles s’organisent de plus en plus en syndicats, associations et autres groupes organisés pour défendre leur droits et lutter contre la pauvreté grandissante. Certaines se regroupent aussi pour combattre la violence qu’elles ou leur congénère subissent dans la vie quotidienne.
Sherlande MICHEL