Les championnats de quartier en Haïti, un atout pour le foot-ball et le basket-ball haïtiens

S’il y a un événement que chaque quartier en Haïti a en commun, ce sont les championnats de quartier. Ils sont organisés ordinairement lors des vacances d’été par un groupe de jeunes qui souhaite divertir leur voisinage par la passion du sport.

Il arrive parfois que certains quartiers de la même zone se réunissent pour former un comité organisateur dans le but d’organiser les évènements musico-sportifs que sont les championnats quartiers. À partir de là, s’effectue l’inscription des différentes équipes qui veulent y participer, la formation des groupes, le choix des arbitres, et l’aménagement de l’espace où se dérouleront les différents matchs.

Habituellement les championnats quartiers s’organisent en deux temps. C’est-à-dire soit le soir, soit la journée. Dans le cas du football, il y a ce qu’on appelle les championnats « ti kan » qui se déroulent dans l’après-midi, et les championnats « gwo kan » pour le soir. Dans ce dernier cas, il est accompagné de DJ, de prestations culturelles etc., D’où le phénomène « Ti sourit ». Dans le cas du Basket, dépendamment de la zone, les rencontres peuvent se jouer avec un seul ou deux paniers.

Les Ti sourit

Dans la pratique haïtienne, le phénomène « Ti sourit » se traduit comme une activité nocturne musico-sportive. Il se caractérise par la présence de haut-parleurs qui ont pour objectifs de diffuser la musique qui animera la soirée et les différents matchs (football, Basket-ball). Cette musique permet aussi de maintenir l’ambiance jusqu’au petit matin. Parfois, des artistes sont même invités pour l’occasion afin de performer. C’est aussi une chance pour les commerçants de la zone de vendre leurs produits (Boissons. Nourritures, amuse-gueule etc.).

Le ti-sourit est un lieu de rencontre et de défoulement pour la jeunesse haïtienne, toutes classes sociales confondues. Le financement d’un tel évènement provient d’une cotisation entre les citoyens qui veulent encourager l’activité, du comité organisateur, et quelques fois des autorités du quartier.

Le déroulement du championnat

Dans le basket-ball, Wendel témoigne du déroulement des championnats de bas. « Il y a deux paniers et 16 équipes. Les matchs se déroulent le soir en deux ‘‘quarter’’ de 30 minutes chacun. Entre chaque quarter il y a des pauses musicales, des prestations et des remises de prix pour des concours (danse, courses à sac etc.). Les jeunes talents du quartier profitent de l’occasion pour se faire connaitre par leur talent. »

Le champion du tournoi remporte une coupe et des médailles. Le plus souvent, le MVP reçoit une distinction personnelle de la part des sponsors officiels. Dans la commune de Tabarre, cette activité est généralement organisée par les policiers et la mairie. Alors que dans les autres quartiers ce sont les citoyens qui le font avec l’accord des autorités.

Dans le football, les pools se définissent en fonction des différentes équipes inscrites. Chaque équipe a ce qu’on appelle une marraine. « En tant que marraine, on doit payer les différentes sanctions écopées par nos joueurs, s’assurer que leur équipement soit propre et organiser une petite fête si on atteint la finale » confie Johanne qui s’amuse beaucoup lors des matches avec son équipe. « Ce qui nous divertit le plus c’est le Phénomène “depeyize ballon” », qui consiste à envoyer le ballon le plus loin possible du terrain pour gagner du temps lorsqu’on a l’avantage.

Tout comme dans le basket-ball, divers concours sont organisés lors des matchs. Mais il arrive que certaines fois, les finales ont du mal à avoir lieu. Le plus souvent à cause de l’équipe du comité organisateur, qui refuse de céder les premiers prix à d’autres équipes que la leur.  À défaut de la finale, les deux équipes se mettent d’accord pour partager les différents prix.

Avec beaucoup plus d’encadrement, cette activité entreprise par les jeunes comme un moyen de divertissement, aurait pu être un excellent moyen pour amener les jeunes à pratiquer plus le sport, que ce soit le football, le basket-Ball, ou même le volleyball. Dans d’autres pays, le sport est utilisé pour le développement de la vie communautaire. Compte tenu de la situation dans les quartiers populaires, ce serait l’occasion pour l’Etat haïtien de lutter contre la délinquance juvénile.

« Dans le sport, l’homme reprend ses droits, il reconquiert la discipline, la seule liberté qui soit douce. » Pierre Drieu La Rochelle

Rose L. FATAL / Steven W. TELEUS

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