Le populisme dans le monde a le vent en poupe

À gauche comme à droite, le populisme gagne du terrain partout dans le monde. Depuis cette dernière décennie, les discours populistes séduisent de plus en plus et les pouvoirs populistes se multiplient.

Le populisme trouve un terreau fertile dans les crises identitaires, les  frustrations, le sentiment d’exclusion et le désespoir de plus en plus grandissant chez les jeunes, les minorités et les couches les plus vulnérables de la population. Il s’alimente aussi de la répugnance populaire qu’inspirent les élites économiques et politiques, les dirigeants et les cols blancs ainsi que de leur rejet par les communautés. Ces dernières se montrant dépitées, consternées par la corruption et l’indifférence à leurs besoins de meilleures conditions d’existence.

Les destinataires des discours populistes sont souvent présentés comme exclus du système soit sur le plan de la réussite économique, soit au niveau de la capacité à posséder un bien (un logement par exemple), soit au plan politique, c’est-à-dire au niveau de la participation au pouvoir et au jeu électoral.

« La voix du peuple » ou « mal politique »

Alors que le nombre des dirigeants aux discours populistes a plus que doublé, des centaines de millions de personnes vivent dans des États gouvernés par des pouvoirs populistes. C’est le cas, par exemple, au Brésil avec le président Jair Bolsonaro, ancien général de l’armée nostalgique de la dictature ; aux Philippines, avec  Rodrigo Duterte ; en Inde, avec Narendi Modi ; en Turquie, avec Recep Tayip Erdogan ; en Russie, avec Vladimir Poutine ; et aux Etats-Unis plus récemment, avec l’ancien président américain Donald Trump.

Avec l’accession au pouvoir de ces présidents populistes, certains observateurs politiques affirment que « la voix du peuple » est enfin représentée. Cependant, d’autres évoquent plutôt un« mal politique ».

L’Europe est le continent comptant le plus de régime populiste avec environ une trentaine de partis que l’on peut qualifier de populistes, de droite en majorité comme de gauche. L’Italie est gouvernée depuis le printemps 2018 par une coalition du (Mouvement Cinq-Étoiles) et de la Ligue, deux formations qui ont fait du discours populiste et anti-politique leur marque de fabrique. En Hongrie, le président Viktor Orban, chantre autoproclamé de la démocratie libérale a été triomphalement réélu.

En Europe, les votes populistes d’extrême droite connaissent aussi une augmentation plus ou moins régulière dans les différents scrutins, comme en témoignent les élections en France ou en Allemagne en 2017 ou, plus récemment, en Suède.

Les populistes jouent sur instincts nationalistes décrivent l’immigration comme une menace existentielle pour leur culture nationale (le cas de l’ancien président américain Donald Trump). Partout le populisme influence les plateformes et les discours des partis politiques traditionnels. Cela crée un paysage politique particulièrement difficile pour les partis de centre gauche, qui peine à faire campagne et à bâtir leur crédibilité  auprès des électeurs sur des enjeux tels que (l’identité) et la sécurité culturelle.

Avec la polarisation du spectre politique, il devient plus difficile d’atteindre un consensus et d’établir les coalitions dont de nombreux systèmes électoraux européens ont besoin pour atteindre une gouvernance stable et efficace.

Outre, le populisme mène à la fois un combat politique contre les élites mais mène également un combat culturel au sein même du peuple. En permettant au peuple de comprendre que l’ennemi de celui-ci n’est pas l’immigré, car lui aussi victime de la globalisation, mais le capitalisme, dont l’accumulation illimitée de richesses constitue le seul horizon, ces partis apaisent les tensions sociales (racisme et islamophobie) et proposent un véritable projet politique dans lequel le peuple a toute sa place.

F. S. BELIZAIRE

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