
24 septembre 1945, la République d’Haïti et la France ont procédé à la signature de l’ « Accord culturel Franco-Haïtien », définissant les relations culturelles entre les deux pays. Cet accord intervient après l’échec des deux premiers signés en 1938 et 1939 qui n’ont pu être appliqués à cause de la guerre de 1940.
À la fin de la deuxième guerre mondiale, dans l’intention de rétablir les relations diplomatiques, cet accord a été l’un des actes fondamentaux de ce processus. Soulignons que les relations diplomatiques avaient été interrompues lorsque la France était sous l’emprise de l’Allemagne et n’était pas dans le camp des alliés de la République d’Haïti.
Les derniers accords signés par les deux États, en 1938 et 1939, n’avaient pu être appliqués en raison de la guerre de 1940 qui a causé une rupture entre l’Haïti des alliés et la France de Vichy. L’accord sur la culture n’était pas repris dans l’intégralité des termes dont il a été signé. Seulement la partie portant sur la création de l’« Institut Français » a été pris en compte dans l’objectif de resserrer les relations culturelles entre les deux Républiques, de favoriser le rayonnement de la culture française, et de promouvoir la collaboration entre les universités françaises et l’Université d’Haïti.
Avec ce traité l’institut français devient la seule institution assurant les échanges universitaires entre la République d‘Haïti et la France, et devient la plaque tournante dans les relations diplomatiques entre les deux pays après 1945. Ce volet dans l’accord donne la possibilité aux professeurs français, engagés par l’un des deux pays, de pouvoir enseigner en Haïti, et même mener des travaux de recherches dans les universités haïtiennes.
Trois catégories de professeurs français avaient été identifiées par les articles 6 et 8 de l’accord. Sur demande de l’Institut français, ils pouvaient obtenir un poste d’enseignant dans les universités et les écoles en Haïti. Il y a les professeurs délégués par l’Institut pour des cours réguliers à l’Université d’Haïti, avec une durée de contrat allant d’un semestre à une année renouvelable. Les professeurs entrant dans cette catégorie gardent leur statut de fonctionnaires de l’administration française, et ils ne peuvent avoir de double emploi même si, selon la demande, ils peuvent être sollicités pour des cours supplémentaires au sein de l’université.
En second lieu, on a les professeurs spécialisés qui sont délégués par l’institut pour faire une série de cours s’intégrant ou non dans le cursus régulier de l’Université d’Haïti. Ils sont également sous la charge du gouvernement français, mais n’ont pas la reconnaissance de fonctionnaires et n’ont pas à respecter certaines mesures. Et pour la troisième catégorie, elle est composée de professeurs engagés par contrat par le gouvernement haïtien, qui détermine leurs conditions de travail et se charge de leur salaire.
Parmi les accords signés entre Haïti et la France, celui de 1945 donne une certaine agilité à l’Etat haïtien. Pour adresser une demande à l’Institut français, c’est à la secrétairerie de l’instruction publique d’écrire à l’institut selon ses demandes. C’est après l’agrément que les professeurs seront désignés pour devevenir définitivement enseignant en Haïti. Tous les professeurs français entrant dans ce cadre sont soumis aux lois et règlements régissant l’Université d’Haïti, et placés sous l’autorité des doyens des facultés auxquelles ils sont rattachés.
Un additif se trouvant dans l’accord de 1945 a été signé par les deux pays. Celui-ci précise les modalités de coopération entre les universités d’Haïti et celles de France. Cet ajout élargit le champ d’intervention des professeurs puisqu’il est possible de faire appel, dorénavant, à ceux qui enseignent aussi dans les écoles primaires et secondaires. De plus, les enseignants jouissent de privilèges diplomatiques concernant la voiture, le carburant, le permis de conduire et la carte d’identité.
Pour la faculté de médecine de Port-au-Prince, de nouvelles disposions ont été adoptées entre les deux parties concernant les professeurs à envoyer en Haïti. La France décide d’y envoyer au moins quatre professeurs, ayant chacun un contrat de deux semestres, à raison de quatre mois d’enseignement par semestre, recrutés parmi les professeurs des facultés de médecine des universités françaises ou parmi les médecins et chirurgiens des hôpitaux de Paris.
Jeffly LEFFRANC