
Malgré les dispositions de la loi haïtienne portant sur le congé de maternité, plusieurs femmes sont confrontées à des difficultés à en profiter. Le droit à un congé rémunéré constitue un droit fondamental pour les ouvriers aussi bien dans le secteur public que privé.
L’article 320 du Code du travail dispose que : « toute femme enceinte a droit, sur production d’un certificat médical indiquant la date présumée de son accouchement, à un congé de maternité au cours duquel elle sera rénumérée comme si elle continuait à travailler ». Pour la majorité des femmes interrogées, l’application de cette règle est loin d’être une réalité. Elles sont pour certaines des gens de maison, des employées d’entreprises privées ou publiques.
« J’étais au 8ème mois de ma grossesse, je me sentais toute fatiguée. À cause de mes pieds qui enflaient, quelqu’un m’a conseillé de demander un congé de maternité à mon employeur. Malheureusement, sur un ton sévère celui-ci m’a demandé qui allait exécuter ma tâche pendant mon absence », raconte Gina, une jeune fille employée d’une entreprise privée évoluant dans l’agro-industrie. Le visage triste, elle précise que dans son état de santé d’alors, elle ne s’attendait pas à une telle réaction. « Sois que je laisse le travail définitivement, sois je continue à le faire et moi n’ayant pas eu le choix j’ai dû continuer », poursuit-elle.
Andréa une employée domestique était aussi confrontée à cette même situation pendant sa grossesse. « Je travaillais dans cette maison depuis deux années.Ne pouvant plus répondre à mes responsabilités à cause de ma grossesse, j’ai demandé un congé à la patronne de cette dite maison, elle m’a demandé de plier bagages. Soucieuse de ma santé et de celle de mon bébé, j’ai toute de suite satisfait aux caprices de madame », s’est résignée cette employée.
À l’opposé, dans l’administration publique, cette situation semble être différente. Une employée de la Direction nationale du livre (DNL), un organisme étatique, laquelle requiert l’anonymat, témoigne avoir bénéficié d’un congé de maternité conformément à la législation haïtienne régissant la matière. « J’ai eu droit à un congé de maternité rénuméré d’une durée de 3 mois ».
La législation haïtienne trace la procédure à suivre pour l’obtention et l’acceptation d’un congé de maternité. Le code du travail en ses articles 324 et suivants dispose que pour bénéficier d’un congé de maternité, la femme enceinte doit présenter nécessairement un certificat médical indiquant l’attestation de son état de grossesse, la date probable de son accouchement, la date du début du congé qui doit obligatoirement précéder de quatre semaines celle présumée de l’accouchement.
Le congé de maternité s’étend sur une période de douze semaines soit 6 semaines avant et 6 semaines après l’accouchement. Ce congé doit être payé. L’employeur a pour obligation de garder le poste de l’employée pendant la durée de ce congé.
Esperancia JEAN NOËL