Le café se boit à deux mains en Haïti

Qu’il soit noir au avec du lait, le café se boit traditionnellement en Haïti. C’est la boisson de bienvenue dans les familles. Boisson des corvées comme des occasions diverses en milieu rural. Il est aussi le petit déjeuner qui ouvre la journée des chefs de famille dans le pays profond.

Magalie une  fillette de 12 ans et plusieurs autres jeunes confient qu’elles préfèrent le café avec du lait et du pain garni de beurre d’arachide « mamba» au petit déjeuner parce que c’est beaucoup plus consistant. C’est un cas largement partagé chez les Haïtiens.

Dans la culture haïtienne, que l’on boive le café noir ou au lait, dans certaines régions il sera toujours accompagné de pain ou de cassave, souvent tartiné de beurre d’arachide (mamba) ou de confiture le plus souvent. C’est ce qu’on appelle boire son café culturellement.

En Haïti, cette boisson à l’odeur captivante est pour la plupart du temps le réveil du jour.  En région, en plus d’être accompagné,  le café se boit dans un gobelet emmaillé. Le pain dans une main, le café dans l’autre main. Et c’est toute une vie, un repas normal pour plusieurs familles haïtiennes. C’est également un plaisir pour le palais, la cassave ou le pain trempé dans le café!

Petit déjeuner consistant

Si dans le reste du monde le café n’est qu’une simple boisson, en Haïti le café constitue même un petit déjeuner et parfois même un repas. Marc, 35 ans, en boit quotidiennement comme petit déjeuner. Il boit son café généralement avec du pain. Certaines fois, c’est son repas du jour. « Le café me tient toute la journée », dit-il.

C’est pareil pour les chefs de famille de la province et des familles modestes. Le matin, les enfants se tapent un bon gobelet de café et ils sont remplis pour ne manger qu’après le retour de l’école dans l’après-midi. « Un gobelet de café avec du pain ou un morceau de manioc ou de patate, c’est le plein d’énergie. On peut travailler le champ jusqu’à l’après-midi », disent les travailleurs engagés dans des corvées soit pour ensemencer ou labourer les terres.

Plus qu’une boisson, un art de vivre

Le café pour beaucoup d’Haïtiens n’est pas une boisson de résistance à la faim mais plutôt une affaire de spiritualité et de coutume. Certains ne pensent jamais à commencer une journée sans en boire.

Marise, cette dame de 44 ans ne peut pas commencer sa journée sans une tasse ou une « godèt » de café, nous confie-t-elle. Pour elle, le café est un élément essentiel pour débuter chaque journée. « En buvant du café, je me sens comme transformée et fortifiée pour un nouveau combat, c’est une source d’inspiration », confie-t-elle.

Préparation et consommation préférées

Du champ à la tasse, le café suit une préparation traditionnelle en Haïti, Cueilli, séché et grillé dans des marmites ou des chaudières et pilé au mortier, il est transformé en poudre.

Pour l’Haïtien authentique, il n’y a pas plus délicieux que le café en poudre filtré dans la grèp, un petit sac en tissu, au mieux un bout de jupon de grand-maman. En région, la grèp domine alors que dans la capitale, elle dispute sa place avec la machine à café dans certaines familles estimées plus modernes.

Le café en poudre et pilé au mortier à la maison ou chez la marchande est le préféré des Haïtiens. Il se boit plus largement noir. Au lait, le café se prend plus comme un remontant après un effort fatiguant, ou une nuit blanche.

Autre facteur faisant varier le goût du café, c’est l’altitude. Selon qu’il soit cultivé en haute altitude ou en basse altitude, le goût et la qualité du café s’améliorent.

Si certains n’ont pas de préférence, pour d’autres oui. Joseph n’a goût que pour le café de sa région natale et il le ressasse à qui veut l’entendre. « Consommer le café de mon terroir est plus qu’une boisson mais une nourriture de l’âme », s’enorgueillit-il.

Le café haïtien, réputé mondialement

La République d’Haïti est une terre de café. Il y est cultivé en hauteur et dans les plaines. Son café est très apprécié sur le marché international et jouit d’un positionnement enviable sur le marché japonais.

Depuis son indépendance, le café a toujours été le principal produit d’exportation du pays, source de rentrée de devises.

Haïti exporte officiellement depuis 2013, 30 000 sacs de café par an et rapporte à l’économie 10 millions de dollars chaque année, selon le ministère de l’Agriculture.

Saonara AUGUSTIN 

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