
Bousculade, farine ou œufs lancés au visage, les Français font de l’agression physique de leurs personnalités politiques une forme de désapprobation de plus en plus fréquente et inquiétante. Du candidat au président de la République personne n’est épargné. L’actuel président français en est un habitué.
En visite officielle dans le Sud-Est de la France le 8 juin 2021, c’est un Emmanuel Macron placide qui a reçu une gifle d’un indivu avec qui il a voulu interférer. Cet acte, objet d’une médiatisation massive et initialement filmé par la caméra d’un complice, a réussi à susciter l’émoi en France mais aussi partout ailleurs sur les réseaux sociaux.
Cet outrage fait au président de la République française a déclenché de vives réactions des personnalités politiques du pays. Dans un tweet, l’ancien président de la France François Hollande a apporté son soutien à son homologue en qualifiant l’incident de « coup insupportable et intolérable porté aux institutions françaises ». « Si le débat démocratique peut être âpre, il ne peut jamais tolérer la violence physique », condamne la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen.
Plus de peur que de mal pour Emmanuel Macron
« Rien ne m’arrêtera » tels sont les mots prononcés plus tard dans la journée par le président Macron qui a réussi à faire bonne figure malgré une gifle publique. Suite à cet évènement malencontreux et à la rapide neutralisation de l’individu, le président Macron a poursuivi les échanges avec la foule « J’ai continué et j’ai salué les personnes présentes qui étaient à côté du monsieur et j’ai fait des photos avec elles ».
Dans le souci de calmer l’ardeur provoquée par une telle hardiesse, le président a aussi déclaré : « Ne laissons pas des faits isolés, des individus ultra violents, comme il y en a toujours quelques-uns dans les manifestations aussi, prendre possession du débat public : ils ne le méritent pas ».
Froideur ou simple calcul du président français
Si cet acte d’une telle ampleur n’a pas réussi à déchaîner le courroux public de Macron, c’est peut-être parce que sa carrière politique est truffée d’agressions diverses. Par exemple, en 2016, alors ministre de l’Économie, des manifestants anti-loi Travail lui avaient jeté sans ambages des œufs à Montreuil, scène qui s’était reproduite plus tard au Salon de l’Agriculture.
Devenu depuis président de la République française, Emanuel Macron avait dû être évacué en 2020 du théâtre parisien des Bouffes du Nord pour échapper à l’animosité de dizaines de citoyens.
Une agression au goût de déjà vu en France
En dépit du ressentiment que l’agression physique de Macron a suscité dans les plus hautes sphères de la politique en France, il n’en demeure pas moins qu’au fil des siècles et des années, on a assisté à nombre de dérives du même genre : un homme avait agrippé sans hésitation la veste de Nicolas Sarkozy alors en déplacement dans le Lot-et-Garonne en 2011. François Hollande, alors candidat à la présidence, était devenu la risée d’internet en recevant un jet de farine à la porte de Versailles à Paris.
La liste s’allonge avec Manuel Valls qui était giflé en Bretagne par un jeune homme de 18 ans. On ne pourrait parler d’agressions sans citer François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet ou encore Lionel Jospin, tous victimes du mauvais traitement que le public français réserve aux personnalités politiques.
Et la dernière agression en date, celle de Jean-Luc Mélenchon, dans la journée du 12 juin 2021. Le candidat à la présidentielle a subi un sort similaire à celui de ses prédécesseurs. Le patron de LFI, comme François Hollande auparavant, a été victime d’un jet de farine alors qu’il participait à une manifestation parisienne contre l’extrême droite.
Une histoire marquée par la violence envers les hauts gradés de l’Etat
L’histoire de la France est marquée par des attaques brutales perpétrées envers les représentants du pays : le général de Gaulles et Jacques Chirac de leur côté ont été victimes de tentative d’assassinat. Il semble que la vie des locataires de l’Elysée ne soit pas tout à fait à l’image du conte de fées.
Teressa PAULO