
Les relations diplomatiques entre la République d’Haïti et la Fédération de Russie sont enfin établies ce mercredi 02 juin 2021. Après deux siècles de tentative par les pères fondateurs.
Le Président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse a reçu au Palais national, les lettres de créances du nouvel ambassadeur de la Fédération de Russie accrédité en Haïti, Sergey Melik-Bagdasarov, ce mercredi 2 juin 2021. Le président a salué l’événement dans un tweet publié le même jour.
«J’ai reçu au palais national les lettres de créance de Sergey Melik-Bagdasarov en tant qu’Ambassadeur de la Fédération de Russie en Haïti », a twitté le chef dÉtat haïtien ce mercredi 02 juin 2021. « Au cours des échanges, nous avons évoqué les perspectives de renforcement des relations bilatérales entre les deux pays», a ajouté le 58ème président d’Haïti.
Monsieur Melik-Bagdasarov a représenté le Kremlin à Caracas depuis février 2020, avant d’être accrédité, cette fois, auprès du gouvernement haïtien. Il est diplômé de l’Université MGIMO du ministère russe des Affaires étrangères en 1994. Il a été directeur du département Amérique latine dudit ministère.
Les tentatives de relations entre la République d’Haïti et la Fédération de Russie suivent leur cours depuis déjà deux siècles, selon certains historiens. L’historien, diplomate, actuel ambassadeur d’Haïti auprès du gouvernement canadien, Wien Weibert Arthus dans son ouvrage : Les Grandes dates de l’histoire diplomatique d’Haïti(2017), explique que le royaume du nord dirigé par le roi Henry Christophe a tenté de nouer des relations avec la Russie via le militant anglais anti-esclavagiste, Thomas Clarcksons. Ce dernier a facilité les contacts entre le roi Henry Ier et le tsar de Russie, Alexandre Ier.
De plus, ce dernier a été mandaté également pour négocier avec le monarque russe l’établissement des relations diplomatiques entre Haïti et la Russie. Malheureusement, la mort de Christophe, en 1820, a porté un coup d’arrêt aux démarches auprès de la Russie.
Par ailleurs, l’historien, Benoit Joachim a développé dans son livre : Les racines du sous-développement en Haïti(1979) qu’«En 1815 quand le roi de France Charles X voulait restaurer l’esclavage en Haïti, la Russie a soutenu Haïti. Ainsi, le tsar de Russie, Alexandre Ier a conseillé au roi de France de s’entendre avec le gouvernement d’Haïti.»
Pour contrebalancer l’influence de l’ancienne métropole sur la jeune république, le président Jean Pierre Boyer, dès sa prise du pouvoir (1er avril 1818), a donné plein-pouvoir au général Français, Jacques Boyé pour négocier un traité commercial avec le tsar Russe, a écrit l’écrivain, Louis E. Elie, dans son livre : Le Président Boyer et l’Empereur de Russie, Alexandre Ier (1942).
Ces démarches des pères fondateurs s’inscrivaient dans la logique de placer la jeune République sur la carte mondiale. Son indépendance en 1804, comme première république noire indépendante, a été perçue comme une anomalie par les puissances colonialistes de l’époque. Ces puissances voulaient isoler Haïti sur la scène internationale car, elle est la première République à prôner l’égalité entre les races et la première à se révolter contre l’esclavage qui était l’ordre établi.
Plus récemment, en 2015, l’ex-chancelier haïtien Lener Renauld et son homologue russe d’alors, Sergueï Lavrov se sont entretenus et ont signé un accord de coopération sur les fondements des relations entre la République d’Haïti et la Fédération de Russie.
«Contribuer à la stabilisation de la situation socio-politique et économique d’Haïti fait l’objet », entre autres, des principaux axes de cette coopération.
Clashisky D LAROSE
Christophane Jasmin DORVIL