La diplomatie d’Haïti à l’ère post duvaliériste

La politique étrangère d’Haïti devient aujourd’hui un sujet très débattu par les spécialistes. Certains plaident pour tisser des ‘‘liens plus étroits’’ avec les puissances impérialistes traditionnelles pourtant d’autres mettent l’accent sur le développement d’une coopération Sud-Sud.

La constitution de 1987, amendée en mai 2011 ajoutée aux différentes lois adoptées durant la période, a fixé les mécanismes institutionnels pour la conduite de la politique étrangère d’Haïti, selon le directeur de l’Académie diplomatique du ministère haïtien des Affaires étrangères, Jean Guy-Marie Louis.

Si au XIXème siècle,  la priorité a été accordée aux puissances occidentales, notamment :la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, ainsi que la République Dominicaine, le voisin le plus proche d’Haïti, aujourd’hui la diplomatie haïtienne ouvre la voie à une coopération externe plus grande. Celle-ci permet d’observer un virage dans la politique étrangère du pays : rétablissement de relations diplomatiques avec Cuba, le fameux accord Petrocaribe avec le Venezuela et les liens commerciaux avec la République populaire de Chine. Les derniers faits en date laissent voir un rapprochement vers la Russie et la Turquie.

Elargissement de la diplomatie haïtienne

D’après l’historien Wien W. Arthus, les relations haitiano-cubaines étaient au plus bas, pendant un long moment lorsque suite à un vote décisif d’Haïti à l’OEA, en 1962, sous l’influence américaine qui exclua Cuba de l’organisation.  Les plaies allaient être soignées, 36 ans plus tard avec la signature de coopération culturelle et technique entre les deux pays.

En octobre 2007, les gouvernements haïtiens et vénézuéliens ont signé un accord de coopération sous l’appellation « PetroCaribe » qui aurait permis à la République d’Haïti de bénéficier des facilités de paiement pour l’achat de gazoline, de diesel, de kérozène, de mazout et d’asphalte du Venezuela, principal fournisseur du marché local depuis plus de 20 ans. Cependant, cet accord de prêts-bails consacré à l’État haïtien, évalué à peu près, à 4.2 milliards de dollars américains. Plusieurs rapports du Sénat de la République et de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), ont révélé que ce fonds a été dilapidé et donc, la possibilité offerte à Haïti pour faire son ‘‘take off’’, s’est volé en éclat.

Si à présent les relations diplomatiques entre la République d’Haïti et la République populaire de Chine ne sont encore totalement établies, néanmoins, il existe entre les deux pays des relations commerciales depuis septembre 1996. En marge de l’Assemblée générale des Nations-unies, tenue à New York la même année, les deux parties ont finalement conclu un accord commercial avec possibilité d’établir des relations diplomatiques « aussitôt que les conditions le permettront », a indiqué le professeur Guy-Marie dans son livre « La politique étrangère de René Préval 1996-2001/2006-2011 ». « Voilà comment Haïti est devenu l’un des rares pays à entretenir des relations à la fois avec Pékin et Taipei , souligne le haut-cadre du MAE.

Après environ deux siècles de tentatives, le gouvernement haïtien avait, pour la première fois reçu les lettres de créances d’un Ambassadeur russe, Sergey Melik-Bagdasarov, au Palais national le mercredi 2 juin dernier, un mois avant la mort du feu président Jovenel Moise, dans un assassinat perpétré sur sa personne en sa résidence privée, le 7 juillet 2021. Alors que deux semaines après avoir accueilli le diplomate russe, il s’est rendu en Turquie pour rencontrer son homologue, Racepp Tayyip Erdogan. Toutefois l’état de la coopération haitiano-turque entre ces deux pays  reste encore peu connu.

En raison de l’ingérence répétée des grandes puissances dans la politique interne d’Haïti, les spécialistes et acteurs politiques nationaux ont une toute autre  perception de la politique étrangère d’Haïti.  Ils jurent par les dieux de voir une Haïti qui s’ouvre sur le monde et se fait d’autres “amis” sous la scène internationale. 

Clashisky D. LAROSE et Christophane J. DORVIL

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