La diplomatie contemporaine en mode dérapage: entre offense et camouflet

Depuis cette dernière décennie, décarts en écarts, la diplomatie verse dans l’inélégance et la trivialité. De Biden à Poutine et/ou à la Chine,  Erdogan à l’Union européenne, la France au Rwanda, les incidences diplomatiques en font une longue liste.

Lors d’un entretien réalisé par la chaîne de télévision ABC, peu après son entrée à la Maison Blanche, le 20 janvier 2021, le président américain, Joseph  Robinet Biden Jr. n’a pas hésité à répondre par l’affirmative à la question du journaliste selon laquelle, le président russe Vladimir Vladimirovitch Poutine, est un “tueur”.

Pour marquer le ton sur lequel il souhaite conduire les relations americano-russes, il poursuit:  “Le temps où les États-Unis se soumettaient aux actes agressifs de la Russie est “révolu”. Il en  a donné le signal en février 2021. Par ce langage, les observateurs pensent qu’il voudrait faire référence au rapport américain qui a indexé l’ingérence russe dans les élections américaines de 2016 et même celles de 2020.

La Fédération de Russie, dirigée par le président russe, Vladimir Vladimirovitch Poutine depuis 1999, a rétorqué. Ce dernier a répondu dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, 24 heures après l’agression verbale de son homologue américain que ” c’est celui qui le dit qui l’est” avec ironie, avant de réaffirmer que la Russie défendra ses intérêts face aux États-Unis.

Les États-Unis et la Chine s’entremêlent les pinceaux 

De la même manière, le locataire démocrate de la Maison Blanche ne mâche pas non plus ses mots pour exposer sa perception du président chinois Xi Jiping. D’après lui, le chef d’Etat chinois est un [dur]. “Il est un dur, il n’a pas une once de démocratie en lui”, a-t-il soutenu. Par la même occasion, il dénonce “l’autoritarisme” de Moscou et de Pékin, se disant prêt à les combattre au profit de la démocratie.

En réaction, la Chine offusquée, a qualifié de « manières bien éloignées de l’étiquette diplomatique » les déclarations faites par le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, lors d’une rencontre, en mars dernier, entre l’administration américaine et une délégation chinoise, en Alaska. Ce dernier a postulé, à travers ses propos, à l’occasion, que le système autoritaire chinois est une menace pour la stabilité mondiale.

Des rivalités, compétitions et affronts entre l’Europe et la Turquie

Lors de la visite en Turquie de la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, en avril 2021, pour tenter de renouer les relations entre l’union européenne et la Turquie, la surprise a été très grande à Ankara, la capitale turque. La patronne allemande de la Commission européenne a été reléguée à une place protocolaire inférieure à celle du président du Conseil européen, Charles Michel chez son hôte Recep Tayyip  Erdogan.

Seulement deux sièges ont été disposés pour trois personnes. Charles Michel et le ministre turc des Affaires étrangères se sont placés respectivement de droite à gauche du président turc, avant que madame Von Der LEYEN,  restée debout pendant quelques secondes, n’aille se placer sur un sofa, en face du ministre.

Ce “camouflet”, entre autres termes utilisés par les Européens pour qualifier cet incident diplomatique a soulevé la colère de Bruxelles. La RMC infos Talk Sport parle même de misogynie dans l’histoire de la politique mondiale. Pour Madame LEYEN, c’est arrivé parce qu’elle est une femme.

« Je suis la Présidente de la Commission de l’Union européenne. C’est de cette façon que j’aurais souhaité être traitée en Turquie, il y a deux semaines. Comme une Présidente de commission. Mais ça n’a pas été le cas », se plaint madame auprès des députés européens, avant de conclure que c’était arrivé rien que parce qu’elle est une femme.

Ankara de se côté, face à cette polémique européenne nie toute tentative d’humiliation à l’encontre de la présidente Leyen. Il affirme que le service de protocole  avait bien respecté les exigences protocolaires de l’Union européenne.

En Afrique les incidences diplomatiques se poursuivent

Le jeudi 27 mai 2021, le président français, Emmanuel Macron a tenu un discours pour assumer la responsabilité ethnicisée de la France de François Mitterrand dans le génocide rwandais sur les tutsi qui a décimé 800 000 âmes selon un rapport onusien. La France, non pas complice, mais responsable de ce crime humanitaire, en voulant soutenir le régime de l’ancien président rwandais, pro- hutu, Juvénal Habyarimana, assassiné le 6 avril 1994.

Deux rapports majeurs ont établi la responsabilité française dans cette affaire. Celui commandé par Kigali et réalisé par un cabinet d’avocats américains, publié le 17 avril 2021 et celui de la Commission d’historiens français, dirigé par l’historien français Vincent Duclert et remis au président Macron, le 26 mars 2021.

Paul Kagamé voit dans cet acte de courage de son ami, dit-il, une opportunité pour faire tourner cette page triste du passé pour rétablir les relations avec la France, tendues depuis 27 ans, après le génocide d’avril-juillet 1994. “Un génocide ne s’excuse pas, on vit avec”. Telle était la déclaration de Macron, très vite acceptée par Kagamé qui ouvrira la voie à l’annonce de l’envoi d’un nouvel ambassadeur de la France au Rwanda.

Clashisky D LAROSE

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