Haïti-Economie : Le combat de coq, une activité lucrative

Le combat de coq est une pratique culturelle très présente dans la réalité haïtienne. Héritage colonial, cette pratique tire son origine d’Asie et s’est étendue dans les Antilles grâce aux Espagnols au XVIIème siècle .Aussi bien que les paris sur les matchs de foot et de jeux de loterie sont une véritable source de revenus et de divertissement en Haïti. Il revêt tout un symbolisme.

À Buenabite, une localité de Saint-Raphaël, le dimanche après-midi respire un air de pari. Dès 16h, une bonne partie de la communauté se met à l’ambiance du combat de coq. Amateurs de coqs, éleveurs, spectateurs et juge, tous animent la gaguère où des coqs bien préparés s’affrontent. Un jeu qui génère gros, selon les pratiquants.

Le combat de coq fait partie intégrante des traditions culturelles de la République d’Haïti. Il constitue un rendez-vous d’argent et de régal à ne pas manquer presque tous les week-ends dans les gallodromes. Sous le regard d’un juge arbitre, les parieurs engagent leurs coqs au combat sous des conditions variées. Notamment suivant les poids respectifs des coqs et selon un certain nombre de temps et de quantité de fuites du coq adverse.

Un gagne-pain national

« Le coq qui fuit son adversaire plus de deux fois par exemple est déclaré perdant, explique Léonville, un combattant de coq âgé de 62 ans. Suivant ce qu’il a été convenu, ce dernier vous revient ou bien on vous verse votre gain, si c’est vous le gagnant », poursuit-il. Et dans certains cas ou selon les régions, les coqs sont mis face à face sous la mise à mort », précise-t-il. Avant de confier qu’aujourd’hui, il mise et assiste à des paris engagés autour de 1 000 à 10 000 gourdes. Toutefois dans les grandes villes où les activités économiques sont plus importantes, les paris avoisinent 50 000 à 500 000 gourdes.

Certains éleveurs et parieurs de ce grand jeu traditionnel racontent qu’avec les gains engrangés, ils résolvent bien des problèmes socioéconomiques. Ils arrivent, par exemple, à payer la scolarité de leurs enfants, s’acheter de quoi se nourrir, se vêtir et même à se procurer certains biens comme une moto ou une camionnette. 

L’histoire du combat de coq 

« En Haïti, tout le monde connaît les combats de coqs», affirme un pratiquant. Le combat de coq tire son origine d’Asie. Il est entré dans le pays grâce aux Espagnols. Et aujourd’hui, il est devenu une institution et « ça fait partie de la culture haïtienne », selon Laine Mackinson, un spectateur âgé de 26 ans. « On ne peut parler des jeux traditionnels en Haïti sans mentionner le combat de coq, le plus ancien du reste », selon Challenges, une agence de presse nationale.

En effet, aussi bien dans les villes de province que dans la capitale, cette activité culturelle est connue en Haïti sous le nom de « gaguère » alors qu’aux ‘‘ Antilles, notamment Martinique, Guadeloupe, Porto Rico, on l’appelle « Pitt », aux îles de la Réunion, « Rond » et en République dominicaine,  « Gallera »,’’ a indiqué l’agence de presse Challenges.

La‘‘gaguère’’ aussi appelée gallodrome est le compartiment aménagé pour réaliser les combats de coqs. Entre paris, ventes, musiques, ambiances culturelles, des milliers de gourdes sont gagnées ou perdues, des relations entre différentes catégories sociales sont établies. Ce haut lieu se transforme même en un espace de réflexions sur les situations politiques, économiques et sociales du pays.

Le symbolisme du DEZAFI

Dans son célèbre roman créole, DEZAFI paru en 1975, Franck Etienne, grand écrivain haïtien accorde un vibrant témoignage à ce grand jeu traditionnel avec un très riche symbolisme. D’aprèsGérardBarthélemy«… le Dezafi, dans le contexte du livre, c’est aussi la lutte générale, le combat quotidien du peuple haïtien… ».

 Dans la tradition haïtienne, on attribue le concept de DEZAFI à la période des combats de coqs où cette activité tout aussi amusant que lucratif parait plus florissante.  Cette période s’étend du mois de janvier au mois de juillet de chaque année. 

Le coq s’assimile à un horloger matinal. Il inspire dans la philosophie du Dezafi la bravoure, le courage et la résistance. « Dans les gaguères, le coq incarne l’intelligence et le courage, il ne rechigne pas à se battre dans des combats à mort. Guerrier courageux et intrépide, il se montre énergique en toutes circonstances », s’exclame un observateur à l’agence Challenges.

Clashisky D. LAROSE

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