
Les protagonistes de la vie politique en Haïti questionnent la légitimité de Claude Joseph et du conseil des ministres qui tiennent les rênes de l’Exécutif haïtien après l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet dernier. État de siège, rencontre d’une délégation américaine, création de comité pour l’organisation de funérailles nationales sont les principales actions posées jusque-là par le Premier ministre démissionaire Claude Joseph.
D’après, Me Bernard Gousse, l’article 149 de la Constitution de 1987 amendée plaçant un Premier ministre au pouvoir en cas d’absence ou de décès du président ne saurait être appliqué. “M. Moïse étant décédé au cours de la cinquième année de son mandat, un président provisoire devrait être élu par l’Assemblée nationale. Formalité impossible, car les composantes de l’Assemblée nationale ne fonctionnent pas aujourd’hui”, argue-t-il.
Me Gousse d’ajouter que M. Claude Joseph ne peut non plus s’attribuer le titre de chef de l’Exécutif ni prétendre assumer la continuité de l’État. “Premièrement, il n’est pas dans le temps pour légitimer une telle prétention. Deuxièmement, Premier ministre ad interim, à la légitimité bancale par définition, il est, de plus, démissionnaire et expédie les affaires courantes depuis la nomination de son successeur, M. Ariel Henry“, explique-t-il.
Au lendemain de l’assassinat de l’ancien locataire du palais national, le président du Sénat, Joseph Lambert a été nommé président provisoire de la République d’Haïti par huit (8) des dix (10) sénateurs en fonction en accord avec de certains partis politiques dont le PHTK, le parti du feu président Jovenel Moïse. Depuis janvier 2020, le parlement haïtien est dysfonctionnel en raison de la la non-tenue d’élections aux échéances constitutionnelles.
Déclarant avoir compris la résolution de ses homologues du Sénat, le sénateur Lambert a exprimé sa reconnaissance aux institutions politiques qui le soutiennent tout en les remerciant. Il a dit espérer rencontrer beaucoup d’autres encore pour “ réouvrir la voie de l’alternance indispensable à la démocratie”.
Pour certaines structures politiques, les décisions du Premier ministre sortant Claude Joseph ne cadrent pas avec la situation actuelle. Le porte-parole du MOPOD constate qu’un groupe veut mettre son président au pouvoir en oubliant les autres acteurs de la vie nationale, alors que tous les secteurs doivent se mettrent d’accord sur le prochain président.
Pharah-Djine COLIN