
Les répliques qui ont suivi le tremblement de terre du mardi 14 août vers 8h30 en Haïti donnent la trouille et poussent les habitants de nombreux quartiers de la capitale à déserter leur maison la nuit venue. Pour eux, c’est une question de survie.
Deux jours après la réplique de 5.9 qui a secoué la capitale de la République d’Haïti samedi soir vers 10h37, des pères et mères de familles aussi bien que d’autres citoyens haïtiens continuent de dormir au balcon de leur maison ou à l’extérieur. D’autres qui se résignent à rester à l’intérieur s’emploient par tous les moyens à garder l’œil ouvert toute la nuit.
« J’ai peur d’être surprise endormie par goudougoudou à l’intérieur de la maison. Je reste donc éveillée pour pouvoir me sauver et sauver aussi mon seul enfant. Il est tout mon bien et il n’a que dix ans », confesse Guerdie, une jeune professionnelle de la finance, qui se plaignait de mal de tête au moment de se confesser.
C’est cette même peur qui pousse Charlène et ses deux soeurs à dormir au balcon de sa maison. Là elle dit se sentir plus près de l’extérieur au cas où la terre tremblerait. Pareil pour Vania, sa cousine et leur grande tante qui préfèrent dormir au bas de la porte qui ouvre sur la cour arrière de leur résidence. « Nous avons plus de chance d’évacuer rapidement la maison en cet endroit. C’est difficile, nous dormons mal mais l’essentiel nous nous sentons plus en sécurité », se raisonnent-elles.
Ce samedi soir de la fameuse réplique de 5.9, la panique avait agité beaucoup de quartiers à Port-au-Prince. Beaucoup de citoyens avaient vécu leur première nuit blanche sous les étoiles.
À plusieurs endroits de Delmas, les riverains avaient préféré passer la nuit éveillés devant leur maison ou dans les rues. Par petits groupes, ils tuaient le temps du mieux qu’ils puissent. Certains verbalisant leur peur. D’autres parlant politique et un peu de tout alternant les sujets à l’envi.
Après cette nuit blanche, certains rentrent dormir à l’intérieur. La peur au ventre, ils disent dormir un œil ouvert et un œil fermé. D’autres préfèrent continuer à dormir dehors faisant fi du climat d’insécurité qui jusqu’à la veille du séisme gardait beaucoup d’Haïtiens cloîtrés chez eux dès 7h du soir.
« Les répliques continueront même des années après. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter », essaie de rassurer l’ingénieur géologue Claude Prépetit. « Un séisme de magnitude 7 est très violent et capable de provoquer des répliques, certes de magnitude inférieure, mais avec la capacité de causer l’effondrement de bâtiments déjà fissuré », a-t-il déclaré
L’ingénieur Prépetit a, quad même, appelé la population à la vigilance. Intervenant au deuxième point de presse de samedi dernier, en compagnie du Premier ministre Ariel Henry et d’autres membres du gouvernement, il a conseillé aux Haïtiens de ne pas rapidement regagner leur demeure et d’attendre l’évaluation du ministère des TPTC si elle est fissurée ou endommagée.
Selon un bilan partiel de Protection civile, le tremblement de terre de samedi dernier a fait 1419 morts, 6900 blessés, plusieurs milliers de sans-abris et de disparus dans le grand Sud du pays. Sa survenue a étonné et laissé sans voix l’ingénieur Claude Prépetit. Il qualifie ce phénomène d’ ‘imprévisible’, car les nombreuses surveillances sismiques effectuées ont montré que les départements de la Grand-Anse et le grand Sud ont été les deux zones moins à risque.