Considéré comme l’écrivain le plus universel de la littérature haïtienne, Démesvar Délorme a su marquer son temps et s’attirer les dictinctions de l’Académie Française et les honneurs des plus grands écrivains français de l’époque dont Victor Hugo, devenu son ami personnel. Les honneurs à son endroit ont fusé de toute part. Il a laissé une oeuvre magistrale comportant des classiques tels : Les Théoriciens au pouvoir et Le Damné. Clin d’œil sur l’homme.
Jean Démesvar Délorme est un doctrinaire haïtien. Diplômé de la Société d’Anthropologie et d’Histoire ancienne de Berlin, ce grand patriote et lettré haïtien, fut journaliste, diplomate, homme d’État (Député et ministre du gouvernement de Salnave), romancier et philosophe, conférencier et essayiste de talent. Il a été couronné par l’Académie française, en 1870, pour son livre ‘‘Les Théoriciens au Pouvoir’’ dans lequel il postule que le pouvoir politique ne devrait pas être l’affaire du commun des mortels, mais celle des‘‘plus capables’’.
À l’occasion, le grand tribun Délorme, récusa la guerre civile et écrivit : « Dans les temps de raison et de raisonnement où nous vivons, la direction des affaires publiques appartient exclusivement aux plus capables. C’est le fait des temps d’ignorance et de barbarie de fonder le règne des plus hardis. ».
Délorme, un intello vénéré par ses pairs
Par la suite, il sera décoré une dizaine de fois tant par des sociétés littéraires dont la ‘‘Société des gens de Lettres de Paris’’ que par des chefs d’État des pays où il a été accrédité comme diplomate, ou qu’il a visités, selon les recherches de Peterson Blanc, étudiant-chercheur à l’Université d’Etat d’Haïti 2009.
Pour Raoul Auguste, Délorme fut un maître de littérature. Lors de son retour d’exil, le 18 mai 1901, au Cap-Haitien, c’est en ces termes qu’il l’a reçu : « Maitre, vous êtes le prince de la littérature ». Ce fut son grand ami. Par ailleurs, un élogieux discours sera prononcé par Anténor Firmin, à Paris le 28 décembre 1901, en l’honneur de Démesvar Délorme, pour qui, ce dernier fut un ennemi politique.
« Il avait des paroles, des gestes, jusqu’à des mièvreries qui exerçaient une espèce de magie sur la jeunesse enthousiasmée qu’il ensorcelait. Je ne sais pas si la politique réserve de plus grande satisfaction, un plus beau triomphe ! Sans doute, nous avons toute une pléiade d’hommes remarquables, en plus d’une spécialité…mais nul d’entre eux ne partage avec l’immense gloire d’avoir ouvert chez nous l’ère du vrai épanouissement littéraire… »
Un rêve de jeunesse concrétisé
Ayant entretenu de solides relations avec les plus grands noms d’Europe et d’Amérique dont Victor Hugo, Alexandre Dumas père, Michelet, Edmond, entre autres, très jeune Délorme nourrissait le rêve de devenir un homme cultivé.
« Je ne pouvais voir un livre quelque part sans m’en approche pour le contempler, l’ouvrir. Il se dégageait de ces lignes imprimées que je défrichais, sans bien les comprendre, quelque chose de mystérieux, de vague, d’autant plus puissant qui m’impressionnait d’une façon que je ne puis dire, qui m’ouvrait des perspectives rayonnantes, infinies… » Propos recueillis dans ses «Mémoires » dont une partie a été publiée après sa mort dans Le National, le 15 juillet 1954.
Dans la version numérique de son livre Réflexions diverses sur Haïti, la misère au sein des richesses, réalisée en 2009 et rendue disponible dans les rayons ‘‘Les Classiques des Sciences Sociales’’, l’étudiant-chercheur Peterson, souligne à la Notice biographique et littéraire que Délorme a marqué son siècle de son influence politique, sociale et littéraire des plus remarquables, tant par sa plume que par ses actions.
Démesvar Délorme est né au Cap-Haitien le 10 février 1831. Il est mort à Paris le 26 décembre 1901. Toute sa vie, demeure convaincue Yves Chemla, il s’est battue pour une idée fixe : celle de remplacer le règne de la force par le pouvoir de la raison.
Clashisky D. LAROSE
