Anténor Firmin, le nationaliste haïtien appelle à l’unité entre les races humaines

Si la quasi-totalité du 19eme siècle a été marquée par des avancées sociales et scientifiques en France, il n’a pas été sans importance dans l’histoire de l’anthropologie haïtienne, qui a fait ses lettres de noblesses avec l’anthropologue positiviste et homme politique fougueux, Joseph Antenor Firmin.

Après avoir lu à Paris, l’Essai sur l’inégalité des races humaines d’Arthur de Gobineau, Antênor Firmin a trouvé l’inspiration pour écrire “De l’égalité des races humaines”en 1885. Cette oeuvre se veut un classique qui aura motivé la jeune génération d’écrivains haïtiens comme Jean-Price Mars et poser les fondements du panafricanisme moderne. Ce livre constituera, en fait, une réponse à la pensée raciste de l’époque.

La nation haïtienne qui a toujours livré bataille depuis plus de deux siècles auparavant contre l’inégalité sociale, l’asservissement de l’homme par ses semblables, lutter contre la discrimination raciale et pour les droits et les libertés fondamentales, a été une nouvelle fois en face d’une pensée raciste. Laquelle pensée qui sera contestée par le fameux auteur, très lu dans le monde et nationaliste haïtien avéré, selon certains, Antênor Firmin. Ce dernier, aura fait évoluer l’Anthropologie positive haïtienne, à travers son livre De l’égalité des races humaines.

« Anténor Firmin fut l’un des premiers au 19ème siècle à indiquer les limites du projet des Lumières en répondant à Arthur de Gobineau par l’affirmation De l’égalité des races humaines », opine Yanick Lahens, une autre écrivaine haïtienne très vénérée dans la communauté francophone. « Ce livre est un incontournable », s’est-elle montrée convaincue.

Dans l’esprit de cet ouvrage, devenu le livre de chevet des anthropologues, tous les hommes du monde entier seraient égaux en droit, en dignité et surtout en intelligence. La couleur de peau, la texture de cheveux ou quels que soient les traits physiques de l’homme ne peuvent, d’aucune façon, mesurer son niveau d’intelligence et encore moins sa capacité à intégrer une civilisation. Ainsi, il mettra en défit, toutes les théories racistes prônées par ses pairs anthropologues en France qui s’appuyaient sur la pensée de Gobineau.

En effet, selon cette pensée, il y aurait une hiérarchisation ‘‘pessimiste’’ entre les humains qui mettrait au sommet la race blanche, au milieu la race jaune et au bas de l’échelle la race noire, qui pis est, avec des aptitudes moindres les unes par rapport aux autres.

Dans l’Essai sur l’inégalité des races humaines, paru en plusieurs tomes entre 1853 et 1855, Gobineau a étalé une inégalité criante entre les races humaines en considérant les races jaune et noire comme “inférieures” et sont d’après lui, “le fond grossier comparable au coton et à la laine que les familles secondaires de la race blanche assouplissent en y mêlant leur soie“.

« Les deux variétés inférieures de notre espèce,  la race noire, la race jaune, sont le fond grossier, le coton et la laine, que les familles secondaires de la race blanche assouplissent en y mêlant leur soie tandis que le groupe arian, faisant circuler ses filets plus minces à travers les générations ennoblies, applique à leur surface, en éblouissant chef-d’oeuvre, ses arabesques d’argent et d’or »,  a-t-il relaté dans son œuvre.

Indigné par de tels traitements accordés à la race noire, à laquelle appartient Firmin, pas moins de 600 pages environs seront consacrés, suivant une approche historique pour démonter de toute pièce cette réflexion, considérée comme  “raciste et discriminatoire”

Il s’est donc demandé si “Les Noirs haïtiens n’ont-ils pas déjà fait preuve de la plus belle intelligence et de la plus brillante énergie ?” Convaincu, il croit ferme qu’ “ils se pénétreront bientôt, hommes d’État ou écrivains, jeunes ou vieux, que la régénération du sang africain ne sera complété que lorsqu’on sera aussi respectueux de la liberté et des droits d’autrui que jaloux de sa propre liberté et de ses propres droits“. Étant un exemple pour les noirs dans le monde, pour avoir donné le coup d’envoi vers la liberté et l’égalité en 1804, Anténor Firmin, ancien diplomate haïtien de son état, espérait “voir une Haïti qui représente pour l’Éthiopien cette auréole qui embellit notre front et le transfigure, la splendeur de la dignité morale, seule noblesse naturelle qui relève et égalise tous les hommes et toutes les races”.

Clashisky D LAROSE

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